Différents signaux peuvent faire espérer que la reprise économique, même timide, est bien là. Le dernier en date concerne la hausse de 5 % des investissements industriels. Différentes enquêtes montrent également que le moral des patrons remonte et donc celui des cédants qui pourraient alors se décider à mettre leur entreprise en vente. Dans un marché plus actif mais avec certaines cibles fragilisées par la crise, le repreneur potentiel devra plus que jamais composer avec le facteur risque.
C’est presque devenu un lieu commun que de dire que le repreneur, comme le créateur, doit prendre des risques. On aurait presque l’impression que celui qui n’en prend pas n’est pas un bon, un vrai entrepreneur. Est-ce si vrai que cela ?
Eu égard au taux d’échec des reprises (à cinq ans, environ une sur trois échoue), le repreneur avisé n’est-il justement pas celui qui va chercher à minimiser le risque, à l’anticiper et à le maîtriser ? C’est notamment l’opinion de Xavier Reuter, repreneur de Ai Group, dont nous publions l’interview ci-après. Pour maximiser ses chances de réussite, il est de bon conseil de réduire d’autant la prise de risque. Ceci passe avant tout par une analyse et une estimation sérieuses faites en amont des principaux facteurs de risque. Une fois ceux-ci connus, le repreneur devra se poser la question de savoir s’il peut les surmonter, comment et surtout à quel prix.
Si le repreneur personne physique peut s’attendre à de mauvaises surprises, à des cadavres cachés dans les placards en nombre plus ou moins conséquent, il doit s’employer à les limiter au maximum. Ce travail doit bien évidemment s’effectuer avant la cession. Un exercice qui peut certes s’avérer long, coûteux et complexe. Mais tenter de réduire certains frais d’audit en amont de la cession peut coûter très cher par la suite.
L’inventaire des risques potentiels est long. Citons-en quelques-uns : risques sociaux (procédures en cours, pyramide des âges, accords sur les salaires, etc.), outil industriel (machines vieillissantes, mauvais dimensionnement, manque d’entretien, etc.), fonds de commerce (forte dépendance à l’égard d’un client ou d’un fournisseur, disparition de marchés du fait de différentes évolutions, etc.), risques sur les actifs (marques non déposées, brevet appartenant au cédant, etc.)… Sans oublier les risques financiers, comptables, fiscaux, réglementaires, environnementaux.
Bien entendu, les parades existent ; il s’agit, notamment, de mener à bien tous les audits nécessaires, de passer en revue tous les contrats, de rencontrer les clients, les fournisseurs et les salariés, de faire procéder à différentes expertises juridiques, de négocier une garantie d’actif et de passif solide et facile à mettre en œuvre.
Ces différentes actions à entreprendre, la liste ci-dessus est bien sûr non exhaustive, ne doivent pas effrayer le candidat à la reprise. Elles lui permettront d’anticiper certains risques, et s’ils se concrétisent de pouvoir alors les gérer au mieux, et d’éviter nombre de difficultés. Cette anticipation du risque constitue à n’en pas douter un facteur clé de la réussite d’une reprise d’entreprise.