La viticulture : un domaine d’activité singulier

24 mars 2009

Isabelle Marie

""Surproduction, baisse de la consommation, ralentissement des exportations… ces dernières années, la filière viticole française souffre mille maux. Ce qui n’a pas empêché le prix des vignes de repartir à la hausse depuis 2006. En 2007, l’hectare de vigne AOC s’est vendu 95 300 euros en moyenne. Une moyenne qui cache toutefois de fortes disparités régionales, allant de 10 700 euros en Languedoc-Roussillon à 120 300 euros en Alsace. Reste que la crise économique mondiale pourrait entraîner un nouveau retournement de situation et faire fléchir les prix dans certaines zones. En attendant, avis aux amateurs : de nombreux exploitants cherchent déjà un successeur. Près de 10 000 ventes ont ainsi été enregistrées en 2007.

> Disposer d’un budget conséquent
Ceux qui s’imaginent déjà à la tête d’un domaine agrémenté d’un superbe château risquent fort d’être déçus. « Les exploitations comprenant à la fois des parcelles de vignes, des bâtiments d’exploitation et des bâtiments d’habitation se font rares », fait remarquer Robert Levesque. Sans compter que ces propriétés « tout en un » nécessitent un capital conséquent – de plusieurs centaines de milliers d’euros à quelques millions selon la notoriété – qui sera rentabilisé sur une longue période. La solution pour s’installer à moindres frais ? Acheter des parcelles de vigne et louer des locaux à proximité. Dans les villages, en effet, on trouve souvent d’anciens bâtiments que l’on peut réhabiliter pour l’activité du chai. Autre manière d’accéder à la propriété pour ceux qui n’ont pas de gros moyens : reprendre une entreprise à la barre du tribunal. L’acquéreur peut espérer économiser 1/3 environ de la valeur du bien.

> Un métier complexe
Le métier recouvre un large champ de compétences. Être viticulteur, c’est être à la fois cultivateur, éleveur, vendeur et gestionnaire. Et pour vendre ses vins au consommateur en direct à la propriété, il ne suffit pas d’être un bon technicien : il faut du charisme.
Mais dans cette activité, le plus compliqué, ce n’est pas la partie technique. La plus grosse difficulté se situe en effet au plan commercial. Entre les négociants, les cavistes, les cafés hôtels restaurants (CHR), la grande distribution, l’export, la vente sur la propriété, la vente par Internet… le repreneur a vite fait de s’éparpiller. Or, au niveau de la distribution, mieux vaut éviter la dispersion.

> Avis d’expert : Michel Remondat, fondateur du site d’information dédié aux professionnels du vin Vitisphère
« Le milieu viticole un microcosme. Il faut bien préparer son arrivée ». D’autant que le marché est poussif et concurrentiel. « Avant de se lancer, il faut avoir une idée précise de la manière dont on va faire son propre vin. Cela implique d’aller à la rencontre des vignerons pour s’imprégner de leurs connaissances et de leurs méthodes ». Une fois installé, le repreneur peut très bien recruter un ouvrier polyvalent compétent pour l’épauler. « On dit qu’il faut en moyenne un salarié permanent pour 10 hectares ». Autre solution pour se faire aider : faire appel à une équipe de consultants œnologues. « Ils vont conseiller et accompagner le vigneron pendant la culture et la vinification et procèdent aux analyses ». Coût de la prestation : 500 euros par mois environ.