La valorisation des PME européennes est orientée à la baisse

22 mai 2008

Isabelle Marie

""Conséquence directe de la crise financière de l’été 2007, le prix moyen des PME non cotées de la zone euros a reculé de 8 % au second semestre 2007 par rapport aux six mois précédents. C’est la tendance enregistrée par l’indice Argos Mid-Market, et ce, après trois années de hausse continue. Selon cet indice, les entreprises concernées se sont vendu 8,3 fois leur excédent brut d’exploitation (Ebitda), soit au même niveau que18 mois plus tôt.
La baisse de l’indice est directement liée à la crise des subprimes « qui a entraîné à la fois une contraction de l’offre de crédit, notamment pour le financement des acquisitions, une hausse des primes de risque de marché et une baisse des anticipations de croissance des entreprises », souligne l’étude d’Argos Siditic, groupe de capital investissement qui établi cet indice avec le bureau d’analyse financière Epsilon Research. Selon les premières tendances, cet indice devrait poursuivre sa baisse sur le premier semestre 2008 du fait d’un durcissement des conditions de financement des acquisitions et d’une dégradation de la croissance.
Toutefois, il ressort également de cette étude que l’activité de fusion-acquisition mid-marcket est restée soutenue en 2007 avec une hausse de 23 % en volume et de 19 % en valeur par rapport à l’année précédente. Cette évolution, qui peut paraître de prime abord quelque peu contradictoire avec la baisse de l’indice, résulte de différents facteurs : les bons résultats et bilans des entreprises européennes qui leur permettent de financer leurs acquisitions en cash ; la stratégie de croissance des entreprises qui passe par des acquisitions ; les fonds de LBO qui demeurent actifs sur le mid-market.
« La baisse de l’indice Argos Mid-Market résulte essentiellement de la baisse de 15 % des multiples payés par les acquéreurs industriels : la valorisation passe de 9,9 à 8,5 fois l’Ebitda », soulignent les auteurs de l’étude. Ils expliquent cette évolution par l’impact de la baisse des marchés financiers, par la baisse des anticipations de croissance des entreprises et enfin, par la hausse du coût du capital lié à la hausse rapide de la prime de risque sur le second semestre de 2007.
À l’inverse, le prix moyen payé par les fonds de LBO demeure stable à 7,6 fois l’Ebitda. À ce niveau également, plusieurs facteurs expliquent cette stabilité des valorisations des LBO mid-market : d’une part, l’impact de la crise des subprimes sur les fonds LBO de grande taille qui de ce fait s’intéresse de plus en plus aux opérations d’un niveau plus modeste, d’autre part, les niveaux records des fonds levés par le capital investissement et qui restent à investir et enfin le fait que les sociétés reprises en LBO, souvent bien placées sur leur marché, sont moins sensibles que la moyenne à un retournement du marché.
Rappelons que l’indice Argos Mid-Market est bâti à partir de l’analyse de 418 transactions réalisées dans la zone euros. Le chiffre d’affaires moyen de ces PME se situe à 87,2 millions d’euros.