Après la fusion avec la controversée Agence pour l’innovation industrielle (A2I) et l’arrivée de François Drouin à sa tête, Oséo s’engage sur une nouvelle voie qui lui a été très clairement tracée par le gouvernement : priorité est donnée à l’aide aux entreprises moyennes et à l’innovation. Les deux étant bien entendu liées dans l’esprit des décisionnaires. Une déclaration du nouveau patron d’Oséo est explicite à cet égard : « La fusion va permettre de compléter les aides à l’innovation en montant en gamme la taille des projets soutenus ». On se saurait être plus clair. Déjà, l’an dernier, parmi les activités d’Oséo, ce sont les aides à l’innovation qui ont enregistré la plus forte croissance (+ 21 %). Pour l’année en cours, elles devraient progresser de l’ordre de 30 %. La tendance n’est pas prête de s’inverser.
Bien entendu, l’innovation est un facteur clé de succès pour les PME, en particulier pour la conquête de nouveaux marchés à l’international. Bien entendu, le tissu économique hexagonal manque cruellement de ces gazelles (entreprises de taille moyenne) chères à Renaud Dutreil. Personne ne peut sérieusement remettre en question ces deux vérités. Pour autant, Oséo doit-elle concentrer à ce point ses efforts sur les grosses PME innovantes ? Car ceci se fera forcément au détriment des structures plus modestes ou évoluant dans un secteur où l’innovation n’est pas une donnée fondamentale.
Des centaines de milliers d’entreprises créent des emplois pérennes et de la richesse sans forcément compter des centaines de salariés ou déposer des brevets tous les ans. Et ce type d’entreprise à besoin d’aide pour sa reprise, sa création ou lors de phase de développement. Le point de croissance manquant ne sera pas glané uniquement grâce aux sociétés de logiciels de plus de 500 personnes. La scierie du Morvan contribue également au PIB. L’aide d’Oséo s’avère souvent déterminante, grâce à l’effet de levier. La répartition de l’effort de l’organisme public devrait se faire de façon plus équilibrée. D’autant qu’avec les centaines de millions d’euros qui viennent de tomber dans son escarcelle grâce à la fusion avec l’A2I, Oséo peut mener de front différentes politiques de soutien. Et pas seulement pour une certaine catégorie d’entreprise.