La plupart des observateurs l’admettent : le marché de la transmission d’entreprise est encore relativement immature. La candeur de certains repreneurs est parfois tenue pour responsable, quand ce n’est pas la frilosité des banquiers ou encore l’amateurisme de quelques-uns des intermédiaires. Quid du cédant ? Le dernier baromètre sur les reprises et cessions d’entreprises, établi par CCI Entreprendre en France et l’Ordre des experts comptables, livre des données étonnantes, si ce n’est inquiétantes.
Plus de la moitié des cédants interrogés (52 %) estiment qu’il leur suffira de moins d’une année pour préparer leur entreprise à la vente. Et ils ne sont que 16% à considérer qu’ils auront besoin de deux ans. Alors que les professionnels sérieux sont unanimes pour dire qu’il est bon d’œuvrer à l’opération de cession plusieurs années en amont de la vente effective. Jean-Pierre Alix, président de l’Ordre des experts comptables, dénonce ainsi "la passivité" du cédant qui ne réagit qu’au moment de son départ en retraite.
Autre chiffre qui laisse songeur : 75 % des futurs cédants se déclarent sereins et sans aucune inquiétude quant au processus de vente de leur entreprise. Un optimisme qui paraît excessif aux experts. A leurs yeux, ce résultat illustre surtout une méconnaissance de la réalité des processus de transmission. Les différents acteurs de ce marché savent que céder son entreprise nécessite souvent du temps, engendre maints soucis et provoque parfois de rudes désillusions. Dernier élément : 18 % des patrons interrogés seulement envisagent de céder à un collaborateur alors que statistiquement ce type de cession assure les reprises les plus pérennes dans le temps.
Ce baromètre l’indique à l’évidence : davantage d’informations, de formations et, pourquoi pas, de soutiens (car il n’est pas simple de se séparer d’une entreprise qui peut symboliser l’aboutissement de toute une vie professionnelle), semblent bien nécessaires au cédant. Dans son intérêt et dans celui du repreneur.