En préalable à son congrès annuel, Planète PME, la CGPME a publié les résultats d’un sondage sur les effets de la crise ressentis par les patrons de PME. Cette étude illustre bien la différence conséquente entre, d’une part, l’appréhension qu’a le grand public de la crise, dépeinte comme majeure et emportant tout sur son passage par les médias, et, d’autre part, la réalité des faits dans « la vraie vie » de l’entreprise.
Selon l’enquête menée conjointement par la CGPME et KPMG, seuls 14 % des patrons de PME craignent pour la survie de leur entreprise. Ils sont 86 % à assurer soit résister à la crise, soit faire face à un ralentissement, mais sans menace pour la continuité de leur société. 12 % d’entre eux affirment même que leur activité est en progression. Naturellement, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne, les patrons de l’industrie se montrant les plus pessimistes.
D’autres chiffres autorisent une analyse plus mesurée des conséquences de la crise que celle qui est souvent développée à longueur de discours et d’article. Ainsi, moins d’un patron de PME sur cinq prévoit de diminuer ses effectifs sur l’année en cours. Le chiffre est certes important, mais tout de même pas apocalyptique. De même, seul un entrepreneur sur quatre assure qu’il diminuera ses investissements. Ce qui implique que 75 % des patrons ont suffisamment foi en l’avenir pour continuer à développer leur outil de travail.
Ces quelques données, certes déclaratives, apportent un éclairage différent sur la réalité des PME en période de crise et à ce titre se révèlent fort instructives pour les repreneurs. En particulier, pour ceux qui aujourd’hui se posent des questions sur l’opportunité de se lancer ou non.
Deux enseignements principaux peuvent être tirés de cette enquête. D’une part, n’est pas forcément une tête brûlée ou un kamikaze celui qui reprend une PME en cette période. La très grande majorité d’entre elles demeurent saines et une baisse du carnet de commandes ne signifie pas l’arrêt de mort de la société. D’autre part, le repreneur, aujourd’hui comme hier, doit aborder les négociations avec le cédant avec une certaine humilité. Dans la majorité des cas, il ne sera pas le sauveur d’une structure en déroute, mais bien le repreneur d’une PME qui termine un cycle avant d’en commencer un autre.
Ce qui signifie également qu’il est vain d’espérer voir le cédant brader sa société. Le candidat acquéreur peut cependant s’attendre à une proposition de prix plus réaliste que celles faites jusqu’à présent. La tendance est en effet davantage à un atterrissage des prix de vente qu’à une braderie généralisée. En conséquence, il apparaît que la crise ne doit ni effrayer plus que de raison le repreneur potentiel, ni susciter chez lui de faux espoirs en matière de valorisation des cibles.