2020 et 2021 seront 2 années atypiques pour le marché de la transmission. Quel est l’ impact de la crise sanitaire sur les cessions -acquisitions? Frein ou accélérateur des transmissions ? La crise et la sinistrose ont bien évidemment impacté le marché de la transmission, et ce de différentes façons. Nous partageons quelques constats et autres points d’analyse sur les tendances qui se dégagent coté cédants comme coté repreneurs …
Manager c’est prévoir !
Les tendances des cédants
Les cédants ont eu tendance à se concentrer davantage sur l’opérationnel de leur activité. Afin d’aider l’entreprise à passer le cap de ces temps difficiles.
Mais les chefs d’entreprise les plus clairvoyants n’ ont pas arrêté pour autant leur démarche et leurs projets de transmission.
- Les prix de cession ont eu tendance à baisser parallèlement à la baisse des capacités bénéficiaires des entreprises, avec des baisses de prix selon les secteurs de 5%, 10%, 20% voire plus.
La relance sera bien moins rapide que la venue de la crise et la remontée des valorisations « à la normale » demandera encore du temps notamment pour absorber les conséquences…
- Si les entreprises ne sont pas impactées financièrement par la crise (cas assez rares), les repreneurs potentiels conscients de la rareté de cette situation se positionnent très rapidement avec des offres de prix maintenus que l’on peut mettre facilement en concurrence.
- Si l’entreprise se trouve dans une situation financière précaire, la cession permet au chef d’entreprise de trouver rapidement une opportunité de sortie à moindre frais (cas d’entreprises dotées de capitaux propres insuffisants, d’une trésorerie fébrile, ou positionnées sur un secteur d’activité plus exposé que d’autres à la crise comme le secteur du tourisme).
Réaliser une transmission (de sortie) quitte à baisser même très significativement le prix permettra sans doute d’éviter les effets désastreux d’une déclaration de cessation de paiement et sa répercussion sur les clients, la concurrence et les fournisseurs.
Certains dirigeants, proches de la retraite, dont la fonction est déjà difficile à porter en temps « normal », se posent personnellement davantage de questions, comme :
- Ai-je la force, la volonté et l’envie de me battre pour mon Entreprise contre la crise ?
- Combien d’années pourrais-je encore tenir ?
- Quels développements dois-je envisager pour affronter demain ?
La perspective de la retraite pouvant les vouer à plus d’inertie.
Les tendances des repreneurs
Les repreneurs auront tendance à manquer de certitudes sur l’avenir.
- La difficulté reste encore plus qu’avant, dans la confiance et la vision que les repreneurs accordent à la société à racheter.
Reconnaître un vrai d’un faux repreneur consiste à analyser le volontarisme de sa démarche et sa détermination à faire aboutir son projet de reprise. Pour acheter demain, il faut être en recherche aujourd’hui !
- Les cadres salariés de Grands Groupes en postes ou non ne sont pas à l’abri et vivent une incertitude au niveau de leur parcours professionnel.
La crise aurait donc pour effet d’augmenter significativement le nombre de ce type de repreneurs, dont la stabilité salariale est remise en question.
- L’interrogation des repreneurs sur le comment pérenniser la reprise d’entreprise, actuellement nécessite une pertinence accrue d’analyse des entreprises à reprendre . En étudiant plus précisément l’environnement de la cible, en analysant les clients par les repreneurs, et par la prise en compte d’hypothèses basses dans le business plan.
Un facteur déterminant : l’obtention plus difficile mais pas impossible des prêts bancaires
En réalité, les banques prêtent toujours, mais selon des critères d’acceptation de prêts désormais bien plus exigeants, sachant :
- Qu’il est plus laborieux de défendre son projet auprès des organismes prêteurs.
- Que les montages financiers sont moins tendus en termes d’effets de levier, de remboursement de dette senior, tout en prévoyant des fonds de roulement suffisants (pour que la future direction consacre tout son temps à l’opérationnel et non à la négociation permanente de découvert).
Les conséquences en matière d’accompagnement et de conseils
La tendance pour tous est d’être plus vigilants sur :
- La cohérence et le montage du projet.
- La capacité financière des repreneurs via leur niveau d’apports de fonds propres.
- L’insertion du schéma de financement dans la lettre d’intention.
- La capacité et chances de succès des repreneurs à obtenir leurs crédits bancaires d’acquisition.
Effet accélérateur de la crise sur la transmission d’entreprises
Le monde bouge vite!
Et cela a un impact réel sur la transmission d’entreprise, nécessitant une lucidité dans les prises de décision.
Les chefs d’entreprise et les repreneurs armés pour combattre la crise, sont ceux qui auront anticipé, avancé et qui auront subi modérément. Ils savent que la crise est source certes de difficultés mais aussi de très belles opportunités que seuls les plus courageux sauront saisir !