Les économistes savent que les deux années à venir vont être difficiles pour les entreprises. Au vu des premières incidences de la crise financière sur les carnets de commandes de la plupart des PME, ce pessimisme semble bien fondé. Dans ce contexte, repreneurs et cédants doivent réfléchir à quelques questions, même s’il est bien imprudent d’espérer trouver des réponses définitives.
Va-t-on vers un assèchement des offres de cessions d’entreprises ? Rien n’est moins sûr. Dans la conjoncture actuelle, le réflexe naturel du vendeur est, certes, de céder à l’attentisme. Mais une fois qu’il aura bien assimiler le fait que son entreprise vaut très certainement plus cher aujourd’hui, à l’issue d’une période de relative prospérité, que dans un an ou deux ans, après des temps de morosité économique, le cédant clairvoyant devrait mettre son bien sur le marché le plus rapidement possible. Certes le prix pâtira de perspectives guère réjouissantes, le repreneur achetant également le futur. La crise aura au moins cette vertu de ramener les prix de cession à un niveau tout simplement raisonnable.
Le repreneur doit-il attendre ? Dans la majorité des cas, de 12 à 18 mois sont nécessaires avant de conclure. Dans une telle temporalité, on peut légitimement se demander quel bénéfice pourrait tirer le repreneur d’une mise en stand-by de ses recherches durant une période plus ou moins longue. Au contraire, les professionnels avisés de la transmission conseillent aujourd’hui au porteur de projet de ne pas baisser de régime, car certaines étapes requièrent désormais plus de temps, comme les procédures de décisions au sein des banques.
Le repreneur va-t-il encore pouvoir trouver de l’argent pour financer son opération ? Si les banques ont considérablement durci leurs conditions, notamment au niveau des garanties, elles ne peuvent toutefois pas se permettre de couper le robinet. Surtout après les engagements qu’elles ont pris vis-à-vis de l’Etat. Le repreneur qui possède un bon dossier devrait trouver son crédit bancaire, même se cela lui demandera davantage de temps. De leur côté, les fonds de capital-investissement, notamment ceux spécialisés sur le small cap, ont de l’argent, voire beaucoup d’argent. Ils vont se montrer probablement encore plus sélectifs, mais ils continueront d’investir. C’est leur raison d’être.
La visibilité sera indéniablement meilleure dans quelques mois, mais, aujourd’hui, rien ne permet d’affirmer que le secteur de la transmission d’entreprise va entrer en récession.