Jean-Michel Blaquière

L’association d’accompagnement et de financement à la création-reprise d’entreprise dont vous venez de prendre la direction en 2008 se distingue depuis de nombreuses années par son dynamisme et l’originalité de ses dispositifs d’aide aux entrepreneurs. Pourquoi ?
Carrefour Entreprise Sarthe est née en 1992 de la volonté de chefs d’entreprise et d’institutionnels, acteurs de l’économie locale. A travers cette association, ce sont donc des entrepreneurs qui soutiennent d’autres entrepreneurs, qu’ils soient créateurs ou repreneurs. Avec 82% d’entreprises pérennes à cinq ans ! Pour nous, ce qui importe le plus, c’est d’accompagner leur démarche, quelle que soit sa nature. Ceci via des dispositifs qui, c’est vrai, se démarquent parfois par leur originalité, comme le congé création, qui finance une indemnité jusqu’à 70% du salaire précédent pendant six mois et jusqu’à 50% les mois suivants, selon le temps nécessaire au mûrissement du projet. Nous venons d’étendre ce dispositif à la reprise d’entreprises en difficulté (liquidations ou redressements judiciaires).

La reprise d’entreprise, justement, est-elle un créneau important pour Carrefour Entreprise Sarthe. Et si oui, dans quelle proportion et avec quels types de soutien ?
Sur 250 personnes accueillies chaque année, nous finançons une quarantaine de dossiers dont 30 à 40% sont des reprises. Côté financement, ces projets peuvent obtenir auprès de notre comité des prêts d’honneur jusqu’à 50 000 euros. Afin de consolider les fonds propres de l’entreprise, nous allons jusqu’à une fois et demi l’apport personnel, soit, dans 80% des cas, entre 40 000 et 50 000 euros. Ceci alors que les prêts d’honneur ne sont pas légion en matière de reprise… Et, côté accompagnement, nous entourons l’entrepreneur d’experts et de conseils pendant toute la durée de remboursement du prêt d’honneur, avec un suivi de gestion régulier par un chargé de mission, une mise en réseau avec d’autres chefs d’entreprise, des formations post-création ou reprise et un parrainage au cours des premières années…

Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce dispositif particulier de parrainage des nouveaux entrepreneurs et sur vos projets de nouveaux dispositifs d’accompagnement des créateurs et repreneurs ?
Le parrainage consiste à offrir à l’entrepreneur le soutien moral proposé bénévolement par un parrain qui accepte de lui faire profiter de son expérience, de lui accorder du temps et une écoute privilégiée. Nos parrains ont eux-mêmes créé ou repris une entreprise. Ils suivent en moyenne pendant cinq ans leur filleul.. Quand on reprend et qu’on peut profiter de l’expérience d’un repreneur aguerri, on évite la solitude. Et puis l’équipe de permanents que je dirige est également à l’écoute : nous sommes huit, ici, pour suivre plus particulièrement les derniers arrivés de nos 480 adhérents. Enfin, pour ce qui concerne nos projets, sachez que nous disposons d’un budget annuel de 500 à 600 000 euros, grâce à l’implication de nos partenaires privés (cotisations) et aussi institutionnels, comme le Conseil général (250 000 euros), en particulier via le dispositif Cap Création Sarthe. Nous travaillons régulièrement à l’évolution de notre dispositif d’aide en essayant de nous démarquer de l’existant. Personnellement, j’aimerais bientôt pouvoir accompagner des projets de reprise à fort potentiel de création d’emploi.

Contact : Carrefour Entreprise Sarthe, 02 43 57 72 72,  www.ces72.org