Jacky Lebrun

5 septembre 2007

Isabelle Marie

""Le 6e congrès de votre réseau, qui fête ce mois-ci ses 20 ans, s’intitule « L’histoire d’une réussite nationale ». Mais quel rôle jouez-vous réellement dans l’univers de la transmission d’entreprise ?
Disons que notre réseau aurait pu s’appeler « Ecole des Repreneurs », tout autant qu’Ecole des Managers, car nous ne formons que des managers qui se destinent à la reprise d’une entreprise. Mais la première des qualités, lorsque l’on souhaite prendre la tête d’une affaire, c’est quand même d’être un bon manager, non ? C’est ainsi que nous avons formé, en 20 ans, environ 1200 repreneurs : tous ont suivi une « formation-action » de 52 jours sur 14 mois et leur projet de reprise a abouti dans 95% des cas. Avec même une hausse moyenne de 20% du chiffre d’affaires ! C’est pourquoi nous parlons de réussite et c’est pourquoi l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie (ACFCI – Entreprendre en France) a souhaité animer ce réseau, en relais de ses fondateurs privés, en faire un label pour ses formations à la reprise et aussi l’étendre, pour passer de 12 écoles en 2000 à 25 aujourd’hui.

Les Ecoles des Managers semblent privilégier les reprises internes, par les héritiers ou collaborateurs de longue date, au détriment des repreneurs externes. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Il est vrai que le concept des Ecoles de Managers est fondé sur le principe de la formation des repreneurs d’entreprises patrimoniales, qui sont à la fois les mieux placés pour reprendre – ils sont déjà à l’intérieur et connaissent l’entreprise – et à la fois (le plus souvent) les moins bien préparés, pour diverses raisons. Cela représente un potentiel de reprise gigantesque, de 40 000 entreprises de 10 à 200 salariés dans les cinq ans à venir, soit quelque 1,3 millions de salariés. Le problème particulier de ces reprises, c’est que souvent, les cédants ne préparent pas la transmission et, dans un tiers des cas, quand ils ont cessé d’investir et ont laissé le chiffre d’affaires décroître progressivement, ils finissent par tirer le rideau.

Des repreneurs « extérieurs » se forment pourtant dans les Ecoles des Managers. Vos portes leur restent donc ouvertes ?
Bien sûr. Nos formations sont extrêmement pragmatiques : trois phases distinctes (acquisition de connaissances, auto diagnostique de l’entreprise, plan d’action de la reprise) se succèdent pendant plus d’une année, ce qui implique que le cédant et le repreneur se côtoient pendant toute cette phase de transition. Cela peut représenter une trop longue cohabitation pour un repreneur extérieur, d’autant que, souvent, la philosophie d’une reprise externe fait davantage entrer en ligne de compte une logique financière qu’une logique de transmission patrimoniale. Mais nos écoles comptent dans leurs rangs des repreneurs extérieurs aux entreprises qu’ils convoitent, avec le même taux de succès.

Le 6ème congrès du réseau des Ecoles de Managers se tiendra le 21 septembre 2007, à Laval (conférences, ateliers, témoignages), www.congres-edm.com