Informatique : pour repreneurs avisés

2 février 2010

Isabelle Marie

""Pression accrue sur les prix, cycles de décision plus lents, délais de paiement allongés, report de certains projets… Depuis quelques mois, les acteurs du secteur informatique font, eux aussi, les frais de la crise. Mais Tristan Monroe, responsable de la commission PME et vice-président de Syntec informatique, la chambre professionnelle des SSII et des éditeurs de logiciels qui fédère 1 000 entreprises réalisant plus de 80 % du chiffre d’affaires du secteur, se veut rassurant : « le secteur est régulièrement chahuté par les crises mais structurellement en croissance ». Il n’empêche, en cette période morose, les petites entreprises sont très fragilisées. « On peut s’attendre à ce que le nombre de procédures de liquidation et de redressement judiciaire augmente. Il y aura donc des affaires à saisir à la barre du tribunal », estime Tristan Monroe. Une piste à considérer sérieusement car en ce moment, parmi les petites boîtes saines, un certain nombre semble « surcotées » financièrement.

> 100 000 de CA par salarié
Si l’attentisme prévaut actuellement, faisant fondre le volume des transactions, les offres de cession n’ont pas pour autant disparu du paysage. « Le gros des annonces que nous publions concerne des SSII employant en moyenne 10 à 50 personnes et affichant un chiffre d’affaires compris entre 700 000 euros et 25 millions d’euros », analyse Rachid Kbiri Alaoui, PDG du site Hitechpros.biz. Il faut compter en moyenne 100 000 euros de chiffre d’affaires par salarié.

> 3 à 4 ans pour retrouver sa mise
Une PME informatique vaut 4 à 8 mois de chiffre d’affaires. « Pour les sociétés de services, c’est entre 3 et 6 fois l’EBIT (résultat d’exploitation avant impôts) », précise Tristan Monroe. La valorisation dépend notamment de la qualité des consultants, de la clientèle, du positionnement de l’entreprise et du niveau de sous-traitance. Concernant le retour sur investissement, visez 3 à 4 ans.

> Mieux vaut maîtriser les ficelles du métier
Est-il nécessaire d’avoir gravité dans le secteur pour réussir la reprise d’une PME informatique ? Les avis sont partagés. Rachid Kbiri Alaoui considère pour sa part que « ceux qui ne maîtrisent pas les ficelles du métier vont droit dans le mur ». Selon lui, « il est primordial de posséder un portefeuille de relations dans le milieu car beaucoup de contrats se concluent entre confrères. Aujourd’hui, 50 % des affaires réalisées le sont en sous-traitance ». Jean-Claude Krikorian, délégué de l’association Cédants et repreneurs d’affaires (CRA) qui a fait toute sa carrière dans l’informatique, se montre plus nuancé : « certaines activités sont plus accessibles que d’autres », précise « A titre d’exemple, il ne faut pas se lancer dans l’ingénierie si on n’a pas d’associé issu du milieu. En revanche, l’édition de logiciels ou encore l’entretien de réseaux ne présentent pas de difficultés majeures ».