Hôtellerie : une offre importante

15 juin 2009

Isabelle Marie

""Un tiers des reprises d’entreprises comptabilisées par l’Insee concerne le secteur de l’hôtellerie restauration. C’est dire si les opportunités sont légion pour les candidats à l’installation. « Toutefois, pour les hôtels sans restaurants appelés hôtels bureaux, la demande est supérieure à l’offre », pondère Sébastien Drouet, chargé de mission Oratel (Opération régionale d’accompagnement à la transmission des entreprises hôtelières) à la chambre régionale de commerce et d’industrie de Bretagne. Mieux vaut toutefois disposer d’un budget conséquent. « On ne se lance pas dans un projet d’acquisition d’hôtel si on ne jouit pas d’une solide assise financière », confirme Christian Bonnin, expert en tourisme membre de l’association française des experts et scientifiques du tourisme (AFEST).

> 300 000 euros minimum sans les murs
Comptez au bas mot 300 000-400 000 euros sans les murs pour un établissement doté d’une dizaine de chambres, avec un apport personnel de 40 à 50 %. Et tablez sur une rentabilité limitée. « La marge d’exploitation est certes importante, mais les remboursements d’emprunt sont élevés », pointe Sébastien Drouet. En dessous de 20 chambres, il est indispensable que le conjoint ait sa propre activité. Et « en dessous de 30, une partie restaurant est nécessaire pour permettre à un couple de vivre », estime Christian Bonnin.
Quel que soit le type d’hôtel visé, ne sous-estimez pas le coût des travaux éventuels, souvent négligé par les cédants. Dans bien des cas, il ne s’agit pas seulement de revoir la décoration, mais aussi d’entreprendre les travaux requis pour être en règle avec les nouvelles réglementations en matière de sécurité incendie et d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, applicables respectivement en août 2011 et janvier 2015.

> Avis d’expert : Soazig Hamon, consultante dans l’hôtellerie et auteur du dossier « Créer ou reprendre un hôtel »*
La gestion d’un hôtel fait davantage appel au savoir-être qu’au savoir-faire. Être bon bricoleur est toutefois un atout, voire une nécessité. « Le quotidien est fait d’urgences à gérer : l’ascenseur qui tombe en panne alors qu’un bus de 50 personnes est sur le point d’arriver, les problèmes de tuyauteries récurrents… ». Autre réalité du métier : la clientèle, de plus en plus exigeante, avec laquelle il va falloir composer. « Les clients descendent dans un hôtel deux étoiles et attendent les prestations d’un trois étoiles. Ceux qui n’ont jamais tenu de commerce peuvent être surpris par le degré d’exigence et de mauvaise foi pratiqué de nos jours ». Quant à la charge de travail, elle est colossale. « L’hôtelier est à la disposition de ses clients quasiment 7j/7 et 24h/24. Les périodes de congés restent limitées très souvent à des semaines fractionnées aux mois de novembre et/ou janvier, périodes généralement creuses ».

> La vraie question : êtes-vous fait pour ce métier ?
La vraie question à se poser est de savoir si vous êtes fait pour ce métier et si votre conjoint est prêt à supporter le style de vie que cela implique. « Un hôtel, c’est beaucoup de boulot. Vous achetez un rêve, mais aussi une prison dorée », caricature Sébastien Drouet. « Il n’est pas rare que des repreneurs revendent leur affaire après seulement 2 ou 3 ans, avec parfois un divorce en prime », observe-t-il.
Conclusion : réfléchissez bien avant de vous lancer. « Effectuer des stages chez des hôteliers pendant la pleine saison, par exemple à la réception, est un minimum », estime Christian Bonnin.

* Aux éditions du Puits Fleuri