François Drouin

7 juillet 2008

Isabelle Marie

""Quelle est l’action d’Oséo sur le plan de la reprise et de la cession d’entreprise ?
Avec le papy-boom, l’enjeu de la transmission devient particulièrement fort notamment pour structurer notre industrie. Nous avons différents produits pour faciliter la transmission. Je pense en particulier à la garantie que nous accordons aux banques. Nous n’exigeons pas de caution personnelle du dirigeant ou d’hypothèque sur bien propre. La garantie Oséo permet d’éviter ces engagements.
Il manque en France des entreprises de taille intermédiaire qui sont ancrées familialement, ancrées dans un territoire. Il s’agit d’un enjeu majeur pour notre pays. Il faut parvenir à faire croître les entreprises soit par croissance interne ou externe, mais aussi par transmission ou par regroupement. Il faut qu’en France, nous ayons davantage d’entreprises de 300 salariés à 2 000 salariés. C’est un processus qui passe donc également par les transmissions lorsqu’elles sont anticipées et bien menées.

Quelle est votre vision de la transmission d’entreprise en France ? Certaines mesures législatives sont-elles à prendre ?
La transmission n’est pas une question à régler par la loi. Il faut l’encourager par d’autres moyens. Il faut surtout que les chefs d’entreprise ne s’y prennent pas trop tard. J’ai connu le cas de nombre d’entreprises en difficulté, car leurs dirigeants n’avaient pas pensé assez tôt à la suite. Il est important d’anticiper. Il faut aussi que les dirigeants, même jeunes, se disent que leur entreprise a souvent intérêt à s’associer avec une autre. Car une société plus importante grandit mieux, elle possède davantage de crédit vis-à-vis des banques. Bien sûr, il faut accepter de partager le pouvoir pour que l’entreprise puisse continuer à se développer, à créer de la richesse et des emplois.
Certains dirigeants ont du mal à accepter qu’il leur faille se positionner sur une niche, exporter, s’associer avec un concurrent pour pouvoir croître. Pendant longtemps, les chefs d’entreprise n’acceptaient pas d’ouvrir leur capital aux capitaux risqueurs. Il est pourtant bon d’ouvrir son capital à hauteur, par exemple, de 10 ou 20 % afin, notamment, de partager la stratégie d’entreprise avec des personnes nouvelles. C’est aussi une manière de se préparer à la transmission, car cela veut dire s’ouvrir à d’autres, comprendre d’autres logiques.

Quel est le positionnement d’Oséo face aux conditions plus tendues du crédit bancaire que doivent affronter les porteurs de projet ?
Nous constatons effectivement un vécu d’un certain durcissement de l’accès au crédit. Ceci apparaît très clairement dans les discours des dirigeants d’entreprise. En revanche, nous ne constatons pas aujourd’hui de diminution en terme de volume. Le montant des crédits accordés demeure tout à fait soutenu. Il est toutefois vrai que l’argent est plus cher ; son prix a progressé. Les conditions d’octroi sont encore regardées de plus près par les banquiers. Mais, il y a aujourd’hui beaucoup de projets et en face des banques qui ont assez d’argent pour prêter.
Il est clair que les banques nous apportent plus de dossiers, et ce, de façon significative. Sur les cinq premiers mois de 2008, par rapport à la même période de l’année précédente, nous comptons une hausse de 20 %. Mais, il faut se rappeler que nous garantissons 4 % des prêts bancaires, ceux qui sont le plus risqués. Nous passons donc à 5 %. Nous voyons donc plus de prêts que les banques se font assurer, mais nous n’observons pas, à ce jour, davantage d’accidents. Les banquiers sont plus prudents. Nous sommes présents lorsqu’il y a des risques donc nous n’allons pas durcir nos conditions, ce serait contre-productif.