Dans une conjoncture économique qui se détériore sensiblement depuis le début de l’année, le candidat repreneur peut légitimement se poser la question de savoir si c’est la bonne période pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
Depuis six mois les conditions d’octroi du crédit bancaire se sont durcies pour les porteurs de projets, et plus généralement pour les entrepreneurs. Les raisons sont connues : conséquences de la crise des subprimes, retour de l’inflation, croissance molle et tensions sur le marché des matières premières.
Dans cet environnement troublé, le banquier ne va pas prendre de risques inconsidérés. D’une part, il va demander au repreneur d’augmenter son apport en fonds propres, à plus 30 % du prix d’acquisition ; d’autre part, il va exiger davantage de garanties et certains dossiers ne vont plus passer, en dépit des efforts d’Oseo qui a vu son activité garantie progresser de 20 % depuis six mois ; par ailleurs, les établissements financiers vont se montrer beaucoup plus regardants sur la rentabilité de la cible et donc sur le cash flow prévisionnel annuel. Enfin, le coût de l’argent va sensiblement augmenter.
Mauvaises nouvelles ? Oui et non. Ce mouvement de tension va obliger le repreneur à augmenter ses fonds propres. Ceci ne peut être que positif pour la pérennité à moyen terme de la cible, car les remboursements de la dette, via la holding, seront d’autant moins tendus. En conséquence, l’entreprise reprise bénéficiera de davantage de souplesse et aura notamment de meilleures capacités d’investissement. Par ailleurs, du fait des exigences réévaluées de son banquier, le repreneur devra constituer un business plan d’autant plus solide et prudent. Ce qui ne peut, là aussi, que bénéficier à la santé de la société reprise.
Eliminatoires ces nouvelles exigences ? Pas forcément. Car, autre effet intéressant pour le repreneur potentiel, la valorisation des PME tend à décroître. Selon l’indice de référence Argos Mid-Market, le prix moyen des PME non cotées de la zone euro a reculé de 8 % sur le second semestre 2007, par rapport aux six mois précédents.
Et d’après de nombreux experts, ce mouvement à la baisse du prix d’acquisition de ce type d’entreprise devrait se poursuivre sur l’année 2009 et revenir ainsi à des niveaux plus sages.
Qu’ils soient cédants ou repreneurs, les acteurs de la transmission/reprise se voient donc rappelés à la raison par le durcissement de la conjoncture. Mais est-ce vraiment regrettable ?