Encourager la reprise d’entreprises permettrait de sauver plusieurs dizaines de milliers d’emplois

19 février 2008

Isabelle Marie

La France a réussi à réduire de 200 000 le nombre de demandeurs d’emploi l’an passé. Ce chiffre, dont peut légitimement se satisfaire le gouvernement, est à mettre en relation avec un autre, plus inquiétant. Selon une récente étude de la CCIP sur la transmission, qui donne l’Insee comme source, la non reprise d’entreprises se solde chaque année par la perte de 40 000 emplois en France. 
En d’autres termes, si toutes les entreprises à céder avaient trouvé preneur, la réduction du nombre de chômeurs ne se serait pas élevée à 200 000, mais à 240 000, soit près de 20 % de mieux. Considéré sous cet angle, l’enjeu de la reprise d’entreprises dans notre pays apparaît comme non négligeable.
Au-delà du simple constat se pose la question des causes. Pourquoi, toujours selon l’étude de la CCIP, environ un tiers des entreprises ne réussissent pas à trouver preneur ? Les facteurs sont multiples. L’inadéquation entre les desiderata des repreneurs potentiels et le profil des entreprises à transmettre est patent, et ce, aussi bien en terme de secteurs, d’effectifs, de chiffre d’affaires que de localisation. 
Autre cause : nombre de patrons, en particulier de petites PMI, arrivés à l’âge de la retraite, estiment, à tort, que leur entreprise n’a pas de valeur, du fait par exemple d’un outil de production obsolète. Dès lors, ils ne font pas la démarche de céder.
Trop souvent aussi, le chef d’entreprise en fin de vie professionnelle ne possède plus l’envie et l’énergie nécessaire pour maintenir sa société au mieux de sa forme. L’entreprise, alors en perte de vitesse, devient plus difficile à transmettre, et, dans certains cas, ne sera pas cédée. 
Que faire ? Le gouvernement va proposer en avril des mesures législatives visant à faciliter, notamment sur le plan fiscal, le processus de reprise. Les conseillers de Bercy travaillent actuellement à leur élaboration. Il reste certainement à mieux faire appréhender aux cédants et futurs cédants la réalité de la transmission afin qu’ils anticipent davantage cette échéance cruciale. Et à les aider à mieux évaluer leur affaire. Certains experts préconisent également de nouvelles facilités fiscales pour aider à la mise en vente des entreprises, que le cédant parte à la retraite ou non. 
Mais les réponses ne sont pas que d’ordre fiscal : pour que l’emploi soit au final gagnant, il faut aussi que les candidats repreneurs se forment davantage à la  reprise. Une opération qui nécessite un véritable professionnalisme.