Il existe différente méthodes d’évaluation qui peuvent être utilisées notamment dans le cadre d’une cession d’entreprise. Que pensez-vous de la méthode DCF ?
La méthode des flux de trésorerie actualisés (DCF) est tout à fait pertinente en matière d’évaluation car elle se concentre sur les flux futurs jusqu’à 10 ans. Elle comporte toutefois quelques biais liés à l’absence de visibilité sur ces flux. Il existe une forte incertitude sur la valeur terminale alors même que celle-ci représente classiquement près de 50 % de la valorisation de la société. Par ailleurs, certaines hypothèses sont difficiles à définir, par exemple celles liées au taux d’actualisation de ces flux futurs.
La prime de risque est aujourd’hui l’objet de nombreuses discussions par les évaluateurs professionnels. Elle est relativement élevée et peut atteindre plus de 6%, ce qui minore les évaluations. Aujourd’hui, les évaluateurs sont confrontés à une véritable question de la pertinence du modèle d’actualisation des flux de trésorerie classique.
Peut-on se fier totalement à la méthode des comparables ?
Avec la méthode des comparatifs de transactions, l’évaluateur va se référer à des transactions passées réalisées sur des sociétés similaires. Si ce dernier réussi à trouver des sociétés de mêmes tailles, du même secteur et de même nationalité, il peut obtenir une indication du prix théorique. Mais il existe certains biais. A titre d’exemple, si l’on se réfère à une transaction qui a eu lieu à la fin des années 1990, le climat économique n’était pas le même. Il s’avère souvent difficile de trouver la véritable valeur de transaction car celle-ci n’est pas forcément rendue publique, ou seuls certains de ses aspects sont révélés.
Face aux avantages mais aussi aux biais des différentes méthodes d’évaluation, faut-il en utiliser plusieurs ?
J’ai l’habitude de dire que je suis pour une fourchette de valorisation mais pas pour de la cuisine. Les différentes méthodes ne permettent pas d’obtenir des résultats identiques. Il y a toutefois une certaine convergence qui permet d’aboutir à une fourchette, celle-ci pouvant servir de base pour une discussion. Mais je proscris les pondérations de méthodes. Si l’on pondère un DCF d’un certain pourcentage et une autre méthode d’un autre pourcentage, c’est souvent davantage pour arranger l’évaluateur que par rigueur. L’Autorité des marchés financiers préconise une approche multicritères qui combine différentes méthodes de valorisation. Cette approche multicritères est généralement retenue par les évaluateurs.