Des mesures sont à prendre pour favoriser les reprises par les femmes

16 mars 2010

Isabelle Marie

Combien de femmes reprennent une entreprise en France chaque année ? À cette question pourtant simple, il s’avère malheureusement impossible d’apporter une réponse précise. Cela est bien regrettable, car des données chiffrées permettraient d’appréhender finement le phénomène, de mesurer les évolutions au fil des ans et ainsi de mettre en place des politiques d’aide et d’accompagnement ciblées et efficaces. Mais l’Insee se refuse à tenir ce type de statistiques. Les observateurs en sont donc réduits à effectuer d’improbables calculs bien peu scientifiques.
Selon les pouvoirs publics, les femmes représentent 27 % des entrepreneurs. D’après les chiffres du Fonds de garantie pour la création, la reprise et le développement d’entreprises à l’initiative des femmes (FGIF), 31 % des prêts bancaires garantis par cet organisme, et donc accordés à des femmes, l’ont été pour des reprises. En croisant ces deux chiffres, il est possible d’estimer qu’environ une reprise sur dix est menée par une femme. Les évaluations faites par les réseaux d’accompagnement, la composition du public des conférences sur la reprise ou encore le profil de ceux qui suivent des formations sur ce thème confirment, de façon certes très empirique, cette proportion de 10 % de repreneuses.
Les raisons qui peuvent expliquer ce taux particulièrement faible sont connues : les femmes attendent davantage que les hommes le départ de leurs enfants du foyer pour entreprendre ; elles ont des responsabilités moins élevé en tant que salariées et de ce fait moins l’habitude, voire l’envie, de diriger ; elles rencontrent davantage de difficultés à convaincre un partenaire financier.
Et pourtant, celles qui s’engagent dans l’aventure et aboutissent font généralement de très bons patrons. Lorsque l’on sait que dans une reprise, la bonne gestion du personnel en place est une des principales conditions du succès, l’approche féminine ne peut qu’être un avantage.
Dans ce contexte, nous ne pouvons donc que saluer l’annonce par le ministre du Travail d’un certain nombre de mesures tendant à favoriser l’entrepreneuriat féminin dont, bien entendu, la reprise. Xavier Darcos entend notamment sensibiliser l’ensemble des acteurs de l’entrepreneuriat à cet enjeu et engager des actions de promotion.
Reste à savoir si ces bonnes intentions et ce beau discours seront suivis d’effets. Mais surtout, ce sont des aides concrètes qui devront être mises en place, en particulier sur les plans du financement et de la formation.