Des craintes quant à la raréfaction du crédit

28 août 2009

Isabelle Marie

De plus en plus d’économistes craignent qu’une pénurie du crédit bancaire sur le second semestre ne vienne fragiliser le timide début de reprise économique. Les chiffres que vient de publier la Banque centrale européenne (BCE) confirment ces craintes. Le volume des prêts accordés aux entreprises du secteur privé accuse un recul de 1,6 % en juillet, en rythme annuel, après une faible progression de 2,9 % au mois de juin.
Les dernières données de l’Observatoire du crédit mis en place par la Banque de France apparaissent moins alarmistes. En juin 2009, les encours de crédits progressent de 4 % par rapport à juin 2008 et de 1,4 % par rapport à septembre 2008. Pour les seules PME, la progression est certes moindre. Entre juin de cette année et septembre 2008, les encours ont augmenté de 0,7 %. Pour les TPE, la progression, sur la même période, est de 2,2 %. Rappelons qu’en septembre 2008, les banques françaises ont pris l’engagement de faire progresser leur encours de crédit de 4 % sur l’année 2009 en contrepartie des aides publiques dont elles ont bénéficié. Il est probable que l’augmentation ne sera que de 2 % sur l’ensemble de l’année.
En parallèle, il est intéressant de constater l’évolution de l’opinion des patrons français sur l’accès au crédit bancaire. Selon une série d’enquêtes commandée par la CGPME, ils étaient 78 % au mois de juin de cette année à considérer que la crise a durci les conditions d’accès au crédit, contre 86 % à l’automne dernier. Il faut souligner que cette dernière réponse concerne la perception globale qu’ils ont de la situation en France, et non la situation de leur entreprise. À la question plus précise de savoir si la crise a des impacts négatifs sur les conditions d’accès au crédit auprès de leur propre banque, le résultat s’inverse. Ils sont, en juin 2009, 72 % à répondre que la crise n’a pas eu d’impact sur l’accès au crédit, contre 67 % en février 2009. Au final, et selon cette enquête de la CGPME, la grande majorité des patrons français ne ressentent pas de difficultés particulières quant à l’accès au crédit. Ce sentiment est corroboré par le très faible nombre de saisies du médiateur du crédit, à savoir un peu plus de 15 000 (chiffre arrêté à août 2009). Un chiffre à rapprocher des 2,8 millions d’entreprises que compte le pays, soit un taux de 0,005 %.
Il est toutefois clair que les critères d’octroi de crédit se sont nettement durcis ces derniers mois. Les repreneurs, comme les patrons, en font les frais.  Mais, dans le même temps, nombre d’entreprises reportent leurs investissements ce qui entraîne, par définition, une baisse de la demande. Il reste difficile de savoir lequel de ces deux facteurs influe le plus sur l’évolution des encours de crédits. Certains experts estiment que la faiblesse de la demande est l’explication principale. Ils soulignent notamment que la BCE qui alimente les banques de la zone euro en liquidité à bon marché augmente ainsi les capacités de prêts de ces dernières.