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Coronavirus : des mesures exceptionnelles pour les entreprises

22 janvier 2021

Isabelle Marie

La période à venir, et qui va se prolonger durant plusieurs semaines, va de façon certaine mettre à mal la santé financière de très nombreuses entreprises. L’intensité des difficultés va dépendre, bien évidemment, du secteur d’activité, de la taille de l’entreprise, mais aussi de la capacité de son, ou de ses dirigeants, à anticiper et à savoir réagir de façon idoine. Le chef de l’Etat vient de décider de mettre en œuvre différentes mesures de soutien aux entreprises.

L’Exécutif est bien conscient de la situation, et de sa très probable évolution défavorable, et a donc annoncé hier soir un certain nombre de mesures précisant, ou venant compléter, celles déjà dévoilées la veille. L’objectif est clairement d’éviter des milliers de faillites. « Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et nos entreprises », a assuré, jeudi soir, le chef de l’État.

La principale annonce faite par Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée est la possibilité offerte aux entreprises de reporter le paiement des charges sociales et impôts dus en mars, et ce « sans justification, sans formalités, sans pénalités ». Le chef de l’État a bien précisé que les échéances dues dans les prochaines semaines seront suspendues pour tous ceux qui en ont besoin.

Rappelons que les annonces faites la veille par Bercy n’évoquaient qu’un report du paiement des charges sociales et fiscales au 15 mars et uniquement pour les entreprises en réelle difficulté, avec une analyse au cas par cas. Il apparaît clairement, aujourd’hui, que le champ des entreprises potentiellement concernées par ces mesures est beaucoup plus vaste.

Un dispositif de chômage partiel

Autre annonce d’importance : le renforcement du chômage partiel. Emmanuel Macron a même parlé de la mise en place d’un mécanisme « exceptionnel et massif ». Le dispositif actuel prévoit que le dirigeant peut demander à l’administration la mise au chômage de tout ou partie de ses salariés. Le cas échéant, l’État indemnise l’entreprise à hauteur du SMIC horaire.  Le chef de l’État qui a assuré vouloir aller beaucoup plus loin pourrait bien déplafonner le dispositif afin que la compensation soit supérieure au SMIC horaire. Aujourd’hui, les salariés au-dessus du SMIC seront indemnisés à hauteur de 70 % de leur rémunération brute, soit 84 % du net. Il faut bien noter que l’une des conditions importantes pour pouvoir bénéficier de ce dispositif de chômage partiel est que l’activité du salarié ne puisse pas être effectuée en télétravail.

Il est vrai que dans les zones fortement impactées par l’épidémie, certains secteurs connaissent de grandes difficultés comme les restaurants, les traiteurs, les salles de spectacles, etc. D’ailleurs, pas moins de 80 000 demandes de chômage partiel ont déjà été reçues par l’administration. Gageons que ce chiffre va grossir de façon exponentielle dans les jours à venir. Cette mesure coûtera plusieurs centaines de millions d’euros aux finances publiques.

« Nous sommes confrontés à un choc d’offre et de demande brutal qui transite par de multiples canaux. Côté offre, sa soudaineté a pour premier effet de dégrader brutalement les marges et la trésorerie des entreprises. À cela s’ajoute le coup de frein brutal de quelques secteurs massivement impactés : les transports, le tourisme, l’hôtellerie-restauration et toute l’industrie culturelle. Tout cela sera aggravé par le contingentement de la force de travail et les mesures de quarantaine. Côté demande, c’est d’abord le gel des dépenses d’investissements et d’embauches pour les entreprises. Et ce sont ensuite des destructions d’emplois rapides dans les secteurs à emploi précaires qui sont en première ligne : hôtellerie-restauration, tourisme, secteurs récréatifs, etc. », analyse Olivier Passet, économiste et directeur de la recherche chez Xerfi.

Parmi les autres mesures, rappelons que pour l’ensemble des marchés publics d’État, aucune pénalité de retard ne sera appliquée. Par ailleurs, les services du médiateur du crédit sont tout particulièrement mobilisés afin d’accompagner, sur l’ensemble du territoire, toutes les PME qui auraient besoin de renégocier leurs contrats et leurs crédits.