Comment rompre l’isolement du repreneur devenu patron ?

2 mars 2010

Isabelle Marie

Lors de la phase de recherche de cible puis de négociations, le repreneur se trouve être, généralement, bien entouré. Il bénéficie de l’écoute et des conseils des spécialistes transmission des CCI, le cas échéant du conseiller d’un cabinet de rapprochement, de son avocat, de son expert-comptable, etc. La situation est tout autre, une fois que le repreneur a pris le contrôle de la cible. Il se retrouve bien souvent seul.
Cette situation apparaît pour le moins paradoxale : alors que le dirigeant découvre son métier de patron, qu’il est assailli de doutes, d’hésitations, voir d’angoisses, qu’il est parfois confronté à une certaine défiance des salariés, qu’il doit gérer une multitude de problèmes, qu’il doit dans le même temps asseoir sa légitimité de patron, il est isolé. Ceci est particulièrement vrai dans le cadre de petites structures de moins de dix salariés au sein desquelles le nouveau patron ne pourra pas partager et échanger avec d’autres cadres dirigeants, pour la bonne raison qu’il n’y en a pas.
Le repreneur devenu patron doit alors adopter une démarche volontariste afin de rompre cet isolement. Les solutions sont à portée de mains. Il peut intégrer un club de repreneurs où il bénéficiera de l’expérience d’autres dirigeants qui ont également repris. S’il a reçu l’appui d’un réseau d’accompagnement, comme Réseau Entreprendre ou France Initiative, il aura tout intérêt en phase post-reprise à accepter d’être accompagné par un parrain-chef d’entreprise durant deux ou trois ans. En plus de cet accompagnement, Réseau Entreprendre vient de mettre en place des « task forces » composées de plusieurs patrons chevronnés afin d’aider les lauréats des années précédentes touchés par la crise.
Autre initiative, certaines CCI, à la suite de celle de Grenoble, ont mis en place un système de tutorat pour les repreneurs devenus patron. Bien entendu, le repreneur pourra tirer de grands bénéfices d’une période de transition bien menée. Ceci vaut bien quelques efforts, voire quelques concessions, sur le plan relationnel envers le cédant.
Au final, il est indéniable que l’expérience et les conseils de ses pairs peuvent éviter au nouveau patron de commettre bien des erreurs et souvent lui permettent de gagner un temps précieux. Ce dernier ne tirera que des bénéfices à se rapprocher d’autres qui ont connu, et surmonter, les mêmes difficultés que lui.