Quelle est votre appréciation du marché de la reprise, dans votre secteur, aujourd’hui ?
Nous voyons beaucoup d’entrepreneurs assez désemparés qui éprouvent le besoin de se raccrocher à des éléments tangibles. Sur mes dossiers, je constate que les groupes ont une nette tendance à reporter toute décision en matière de croissance externe. Ils n’ont pas de problème de trésorerie, mais ils manquent de visibilité. Ils n’agissent que s’il se présente à eux une opportunité particulièrement intéressante ou s’ils ont un besoin impératif de racheter.
Concernant les repreneurs personnes physiques, il est indéniable que la crise opère une véritable sélection naturelle. Ils sont beaucoup moins nombreux qu’auparavant à entrer en contact avec des cédants. Demeurent en piste ceux qui sont le plus fort psychologiquement. D’autres restent également dans le circuit, soit qu’ils arrivent en fin de droit et doivent bien nourrir leur famille, soit qu’ils se sentent menacés de licenciement dans leur entreprise actuelle. Mais la majorité des repreneurs ne fait qu’observer le marché, car s’ils possèdent une certaine visibilité sur 2009, ils n’en ont aucune sur 2010.Il est vrai que pour reprendre aujourd’hui, il faut être hors norme et savoir surmonter l’atmosphère de défiance ambiante.
En cette période particulière, que conseillez-vous aux repreneurs ?
Aujourd’hui, le principal frein est de nature psychologique. Le financement bancaire s’est débloqué par rapport à l’automne dernier. Je pense que pour les repreneurs, c’est le moment d’y aller, car ils trouveront des aides et du financement, mais il ne faut pas qu’ils s’attendent à une baisse importante des valorisations des entreprises saines. De plus en plus de ventes s’opèrent avec le mécanisme d’earn out. Les ratios de ces derniers changent et leur montant devient plus important. Il s’agit bien d’atténuer les risques. De même, les banques mutualisent de plus en plus le risque en formant des pools. Il est probable qu’un mouvement de reprise s’amorce à la rentrée, en septembre. Beaucoup se diront : « j’ai perdu un an, il faut agir ». Il est donc important de bien se positionner dès aujourd’hui sur les dossiers pour être prêt en septembre.
Quel est l’état d’esprit des cédants ?
Les cédants avec qui je suis en contact ont généralement un carnet de commandes satisfaisant et déclarent qu’ils ne sont pas directement touchés par la crise. D’ailleurs, ils comprennent mal la peur des autres. Beaucoup de PME sont encore protégées. Ces entreprises saines qui ont un résultat récurrent ne sont pas amenées à baisser leur prix de cession.