Bâtiment : le vert a la cote

12 avril 2010

Isabelle Marie

""Réduire la consommation énergétique moyenne des bâtiments de 38 % d’ici 2020 : tel est l’un des objectifs du Grenelle de l’environnement. « Cela représente des marchés sans précédent pour les entrepreneurs, à la fois dans le secteur du résidentiel et du tertiaire », déclare Philippe Lansard, de la fédération française du bâtiment (FFB). A condition, pour ces professionnels, d’opérer une mutation en profondeur. « La loi pose des exigences accrues dans le domaine de la construction et de la rénovation », explique Yannick Papaix, chargé de mission « Mobilisation des professionnels du bâtiment » à l’Ademe. Compte tenu de l’état du parc de logements existant et des dispositifs d’incitation créés par l’État (crédits d’impôt, éco-prêts…), la rénovation est le créneau le plus porteur. Isolation (murs, toiture…), pose de menuiseries, équipements de chauffage… la demande est partout.

> Des valorisations souvent élevées
Cette manne attire les repreneurs, mais le vivier des entreprises à vendre est encore restreint. « On commence tout juste à avoir quelques entreprises qui réalisent des travaux d’économie d’énergie, en plus de leur activité initiale. Mais c’est une simple adjonction comme, par exemple, une société de couverture qui complète son offre avec le photovoltaïque ou encore un plombier-chauffagiste proposant l’installation de pompes à chaleur et/ou de solutions solaires », note Sophie Vialatte, directeur de l’institut régional du créateur repreneur d’entreprise artisanale du BTP (IRCE BTP) en Haute-Normandie. Quand ce n’est pas l’offre qui fait défaut, c’est parfois le prix qui freine les ardeurs des acheteurs, car nombre d’entreprises sont surévaluées. La solution : racheter une société du bâtiment classique et lui donner une dimension écologique nouvelle.

> Miser sur une offre globale de rénovation énergétique
« L’avenir à moyen terme réside dans la maîtrise d’une offre globale de rénovation énergétique », martèle Philippe Lansard. « Les professionnels doivent être à même de proposer des analyses énergétiques globales à leurs clients et des solutions intégrées d’amélioration énergétique touchant à la fois l’isolation de l’enveloppe, l’efficacité énergétique des équipements techniques, les énergies renouvelables, la maintenance du bâtiment dans son ensemble… », développe-t-il. Le tout en ajustant la prestation au cas par cas, selon les besoins et le budget du client.

> Se former : une nécessité
Problème : « À l’heure actuelle, la probabilité pour un candidat à la reprise de trouver une entreprise à céder proposant une offre globale de rénovation avec des salariés formés est infime », avance Yannick Papaix. Le repreneur dispose alors de trois alternatives : soit racheter une entreprise tous corps d’état, c’est-à-dire qualifiée dans tous les corps de métiers, et lui conférer une orientation écologique ; soit, acquérir plusieurs entreprises exerçant des activités différentes ; soit, reprendre une structure spécialisée dans un domaine et travailler en réseau avec des entreprises partenaires positionnées sur les énergies propres. Quelle que soit l’option retenue, l’acquéreur et ses salariés devront se former pour appréhender au mieux ces gisements d’activité prometteurs.