Anne Guerin

30 avril 2010

Isabelle Marie

Quel regard portez-vous sur les plans de financement des repreneurs ?
Le repreneur a toujours tendance à penser que ça va passer. Donc, les plans de financement sont souvent assez tendus. Mais l’expérience montre que dans la plupart des cas se produisent des aléas qui, par définition, n’étaient pas prévus. Il est donc fondamental, de ne pas se mettre à un niveau de dette trop élevé. Notamment lors d’un retournement de conjoncture, sans marge de manœuvre suffisante, la situation peut devenir difficile rapidement. Car, bien entendu, lorsque l’on reprend une affaire, l’on ne dispose pas d’une visibilité totale. A titre d’exemple, un contrat a pu être mal margé et cela va se ressentir sur la rentabilité. Le métier du repreneur c’est d’aller voir les clients, développer l’entreprise ; il ne faut pas que se soit l’aspect financier qui le mobilise exclusivement dans les premiers mois.

Dans le cadre d’une reprise de PME, quel est le taux d’endettement à ne pas dépasser ?
S’il s’agit d’un secteur à fort taux d’investissement, comme dans l’industriel, il ne faut pas que la dette représente plus de 60 % du résultat, car au-delà les capacités d’investissement sont très réduites. Dans les services, secteur beaucoup moins capitalistique, il est possible de monter jusqu’à 80 %. Il faut également bien raisonner sur le bas de bilan. Dans ce cadre, je recommande de négocier les autorisations de découvert au moment de l’acquisition lorsque l’on discute du prêt avec la banque.

Quel est le niveau minimum de fonds propres ?
Nous aimons bien les montages avec environ 20 % de fonds propre. Mais ce pourcentage est très variable, car cela dépend beaucoup de la capacité bénéficiaire de l’affaire reprise. Il n’y a pas de règle, mais le niveau d’apport va forcément avoir une incidence sur la charge de remboursement.

Est-ce que parfois Oséo ne suit pas un porteur de projet ?
Nous refusons rarement notre garantie, mais cela peut se produire. C’est le cas lorsque nous jugeons que le remboursement est trop lourd ou si nous pensons que le profil du repreneur n’est pas du tout adapté. Nous demandons alors de détendre le financement.