Lors de l’audit comptable et financier de la cible, quelle est la mission dévolue à l’expert-comptable ?
Avant tout, il apparaît fondamental de vérifier s’il existe une réelle adéquation entre le profil du repreneur et la cible. Au-delà de cet aspect, je considère que l’expert-comptable ne doit pas s’arrêter au bilan, mais doit essayer de tout voir, en particulier ce qui ne se voit pas. Des questions doivent se poser : est-ce que l’outil est à la hauteur de votre objectif ? Est-il désuet ? Est-il évolutif ?
Dans la partie audit, il s’avère particulièrement important d’apprécier le rendement de la cible. Mais il faut se méfier des prévisionnels car le chef d’entreprise change. De ce fait, dans les PME intuitu personae, j’inscris une décote de 15 à 20 % du chiffre d’affaires sur la première année. Il ne s’agit pas de faire un prévisionnel scolaire et mécanique, mais bien de prendre en considération différents éléments comme le profil du repreneur. Si ce dernier à une expérience d’acheteur, cela n’influera pas sur le prévisionnel de la même façon que s’il possède une expérience dans le marketing.
Quelles sont vos autres priorités lors de cet audit ?
Une des grandes priorités de l’audit doit être de regarder avec attention l’aspect ressources humaines. A titre d’exemple, les cadres ont jusqu’à cinq ans pour réclamer ce qu’il ne leur a pas été payés. Il faut vérifier dans les bulletins de salaire si certaines primes ne sont pas en fait un habillage d’heures supplémentaires. Sur ces points, le salarié a la possibilité de saisir les Prud’hommes.
Lors de l’audit, tous les contrats doivent être analysés avec soin. Il faut considérer avec attention les contrats qui présentent une notion d’intuitu personae, comme les contrats d’emprunt. Il faut alors examiner les clauses de substitution. De même, il est important de regarder s’il existe des liens particuliers entre le dirigeant et certains fournisseurs. Concernant les contrats à long terme, comme les baux commerciaux, les possibilités de sortie, et dans quelles conditions, doivent être bien appréhendées.
Un autre point est à prendre en considération : si le nouveau chef d’entreprise n’a pas le même charisme que le précédent, ou s’il est moins apprécié, les salariés peuvent être tentés de ne faire que le minimum légal. Pour cette raison, il est important de se rendre sur le lieu de production pour voir comment est effectué le travail.
Quel est le rôle du repreneur dans ce cadre ?
Le repreneur ne doit pas être passif vis-à-vis de l’expert comptable. Les différents aspects que je viens d’évoquer ne sont pas tous systématiquement observés par l’ensemble des membres de la profession. De façon plus générale, l’expert-comptable va vérifier le passif et s’assurer que tout est bien inscrit. Il va également s’assurer de la réalité de l’ensemble des actifs.