Avec la disparition des statistiques INSEE depuis 2006, nous n’avions plus aucune idée du nombre de transmissions d’entreprises. Fort opportunément, la CCI de Haute- Savoie, avec son Observatoire de la Création d’Entreprise, a mené sur 2009 un recensement de toutes les transmissions du ressort de son territoire : 718 entreprises y ont été cédées.
En s’appuyant sur cette étude, nous nous sommes livrés à une extrapolation au plan national, qui se justifie d’autant plus que la répartition par activité du nombre d’entreprises de ce département est très proche de celle du pays tout entier.Que remarque-t-on alors ?
Premier constat : la tendance est décevante. Si on considère que la Haute-Savoie représente, selon les agrégats retenus, une moyenne de 1.45 % du nombre total d’entreprises, on peut valablement faire l’hypothèse que le nombre de transmissions en France (hors professions libérales) est de l’ordre de 50.000 par an (sous forme de reprises de fonds de commerces, de cessions de parts ou de location gérance). Ce chiffre est faible dans l’absolu et correspond aux tendances indiquées autrefois par l’INSEE, mais plutôt un cran en dessous. Plus intéressant encore, l’Observatoire souligne que ce nombre a régressé de 17% entre 2009 et 2008. C’est probablement aussi le cas sur l’ensemble du pays compte tenu de ce que disent les professionnels à ce sujet.
Deuxième constat : le marché de la cession d’entreprises de plus de 3 salariés est exigu. Quand on recoupe l’enquête de l’Observatoire de Haute Savoie sur la répartition des reprises par taille d’entreprises, par chiffre d’affaires et par nature (fonds de commerces et les autres), on se rend compte que le nombre de transmissions d’entreprises, hors commerces de proximité et d’au moins 3 salariés, est probablement de l’ordre de 15.000 en France. Ce chiffre global se répartirait ensuite entre 9.000 reprises « internes » (4000 au sein de la famille, 5000 à des salariés) et 6000 « externes » à des tiers. Ce dernier chiffre nous donne une indication sur le marché et la place laissée à des repreneurs d’entreprises industrielles, de services ou de négoce. La porte est d’autant plus étroite que, sur ces 6000 opportunités de reprises de PME, seules 25 % (soit moins de 2000 !) sont « visibles », c'est-à-dire proposées par des intermédiaires.
Troisième constat : attention de ne pas confondre le nombre de transmissions réelles et le nombre de mises en vente. Selon les intermédiaires opérant sur le marché de la transmission des PME, au plus un tiers des entreprises recherchant un acquéreur sont, à un moment donné, en état d’être vraiment vendues. Les 2/3 restantes sont temporairement (ou définitivement) difficiles à transmettre : un prix hors marché, un dirigeant pas vraiment décidé, ou enfin trop de faiblesses par rapport aux risques d’une reprise. Il y a donc beaucoup plus d’ « opportunités » de reprises que de transactions abouties.
Dernier constat : la politique de dégrèvement fiscal sur les plus values de cession n’a pas fonctionné. Même en tenant compte des conséquences négatives de la crise économique, le nombre de cessions n’a pas été « dopé » de façon sensible par cette politique (qui a coûté 700 millions d’euros à l’Etat..). Cela nous apprend que x points d’impôt sur plus value en moins ne génèrent aucune cession en plus. Comme déjà défendu par le professeur BOUCHIKHI de l’ESSEC, le problème est ailleurs, notamment dans la sécurisation de l’opération grâce à une meilleure transparence de l’information et une possibilité d’assurance financière des parties (voir article paru dans le Grand livre de l’Economie PME, GUALINO éditeur).
NB : Les données chiffrées au plan national émanent des calculs de l’auteur et non de la CCI de Haute-Savoie.