Le cédant appréhende-t-il bien toutes les difficultés liées à la transmission d’entreprise aujourd’hui ?
Les cédants estiment qu’il est facile de transmettre une affaire. C'est ce qui ressort en tout cas de notre dernier baromètre sur les reprises et cessions d'entreprises. Je trouve ce point assez inquiétant. Le cédant doit penser à la transmission de sa société très en amont, ce qui est loin d’être fait dans la majorité des cas. Il est important d’anticiper afin de ne pas vendre sous la pression car dans ce cas, le cédant a toutes les chances d’effectuer une mauvaise vente. Il faut aussi avoir le temps de bien préparer son entreprise. J’estime qu’il faut commencer à y penser dix ans en amont pour être opérationnel dans les cinq années précédant la date souhaitée de la cession.
Par ailleurs, nous constatons que souvent le cédant oublie de se poser la question suivante : est-ce que le bon repreneur ne serait pas déjà au sein de mon entreprise ? Le cédant pense qu’il n’a que des collaborateurs et pas d’entrepreneurs potentiels dans son effectif, alors qu’un chef d’entreprise, ça se forme. Il faut que nous continuions à informer le cédant. Il y a beaucoup à faire sur ce plan.
Il apparaît que l’une des principales craintes du repreneur est de ne pas trouver de capitaux. Qu’en pensez-vous ?
Selon moi, dans le cadre de la reprise d’affaires petites et moyennes, il n’y a plus aujourd’hui de problème majeur de financement. Les Plates-formes d’initiative locale, qui sont un très bon outil, apportent des prêts d’honneur significatifs et il existe, par ailleurs, de multiples aides locales qui viennent conforter les fonds propres. Pour leur part, les banquiers sont beaucoup moins frileux sur une opération de reprise que sur une création, car ils ne vont pas totalement dans l’inconnu. Il faut rappeler qu’Oseo Sofaris peut garantir jusqu’à 70 % de l’emprunt. Les risques que prend le banquier sont tout de même limités.
Mais le repreneur doit apporter des fonds au moins pour montrer sa bonne volonté. Si l’on a été cigale toute sa vie, il est difficile de prétendre devenir chef d’entreprise. Le porteur de projet peut trouver des fonds, s’il suscite la confiance autour de lui. Il serait d’ailleurs problématique qu’un futur chef d’entreprise ne suscite pas la confiance.
D’après le baromètre, les repreneurs ont, en majorité, trouvé leur cible grâce à des proches ou à des relations professionnelles. Est-ce une tendance de fond ?
Nous nous trouvons, en France, au sein d’une société très sédentaire. Les repreneurs potentiels vont donc chercher leur cible sur leur lieu de vie et dans leur secteur d’activité en priorité. Il est pourtant vrai que la situation évolue. A titre d’exemple, 70 % des repreneurs en Auvergne ne sont pas de la région. Ceux là ont trouvé leur cible essentiellement par le biais des annonces d’entreprise à céder. Mais il faudrait se montrer encore plus performant dans la diffusion des affaires en vente.